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BENJAMIN GINGRAS
Mon parcours chez PAQ a commencé pendant la première vague de la pandémie, lorsque je me suis porté bénévole comme professionnel de la santé par l’entremise du programme Je contribue. J’ai été impressionné par mon premier quart de travail au refuge PAQ2, dans la Petite-Bourgogne. L’approche culturellement adaptée de PAQ pour répondre aux défis spécifiques liés à la dépendance chez les Premières Nations, les Inuits et les Métis m’interpelle. Comme habitant de Montréal, je considère que nous partageons tous l’île. Les Autochtones sans-abris sont nos voisins et ils méritent d’avoir autant de joie et d’espoir que les autres.
Avant d’arriver à Montréal pour mes études universitaires, j’habitais à Val-d’Or avec
mes parents et mon frère jumeau. Mon père est Québécois, et ma mère est Algonquine,
inscrite auprès de la Première Nation Timiskaming. Toutefois, ce n’est pas de cette
nation que ma mère descend, et ni elle ni ma grand-mère n’y ont habité. En fait, la
lignée de ma mère provient de Hunter’s Point. Nos liens officiels se sont perdus avec
le temps en raison d’anciennes lois faisant perdre le statut d’Indien aux femmes qui épousaient des hommes non autochtones. En 1987, ma mère et ma grand-mère ont réussi à récupérer leur statut grâce au projet de loi C-31. Le 27 février 2020, après la décision de la cour dans l’affaire Descheneaux de 2018, j’ai moi aussi été inscrit officiellement en vertu de la Loi sur les Indiens. Je sais que ma grand-mère aurait été ravie de savoir que l’un de ses petits-enfants avait récupéré le statut d’Indien, mais cela m’attriste qu’elle n’ait pas pu le voir de son vivant. Alors que je cherche à me réapproprier ma culture, je considère tout de même que je peux conjuguer mes deux identités culturelles. Je constate aussi que les anciennes lois sur le statut d’Indien ont fractionné les peuples autochtones. Comme plusieurs autres personnes dans la même situation que moi, je vis parfois avec le syndrome de l’imposteur et c’est quelque chose que je dois encore travailler. Malgré cela, je m’efforce de changer la situation et de me réapproprier mon identité culturelle. J’apprends actuellement à parler l’anishinaabemowin (algonquin), et je suis le premier de ma famille à le faire depuis des générations. En septembre 2021, j’ai réussi à obtenir un siège au conseil d’administration de PAQ. J’en suis aujourd’hui le vice-président, ce qui me permet de redonner à ma communauté.
     COMMUNAUTÉ 22

























































































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